L’École de Palo Alto

Palo Alto, c'est quoi ?

Palo Alto est une ville de Californie près de San Francisco. A partir des années 1950, s'y développe un courant de pensée qu'on va appeler "l'École de Palo Alto".

Autour du biologiste et anthropologue Gregory Bateson, des chercheurs issus de différentes formations universitaires conçoivent une manière originale d'analyser les difficultés humaines. Au lieu de considérer qu'elles résultent d'un problème intrinsèque aux individus, l'École de Palo Alto développe l'idée que les difficultés psychologiques ou comportementales résultent des interactions dysfonctionnelles que les patients entretiennent avec eux-mêmes, avec les autres, avec le monde.

Ce courant de pensée va se formaliser en méthode thérapeutique, d'abord au Mental Research Institute créé en 1959 par le psychiatre Don D. Jackson et la psychothérapeute Virginia Satir, puis au Centre de Thérapie Brève créé en 1968, avec le concours de psychothérapeutes tel que Paul Watzlawick. C'est donc l'École de Palo Alto qui est à l'origine de la thérapie familiale, et de la thérapie brève dite systémique et stratégique.

Le changement ici et maintenant

Pensée en réaction contre les psychanalyses interminables, l'École de Palo Alto a été la première approche thérapeutique à concevoir la possibilité de mener à bien une thérapie en un nombre limité de séances.

Pour les partisans de l'approche de Palo Alto, le passé et les traumatismes de jeunesse ont bien un rôle dans les difficultés qu'on peut rencontrer. Mais ce n'est pas en faisant un détour dans le passé qu'on résout le plus rapidement les problèmes du présent.

En effet, si on se noie, est-ce bien le moment de se demander pourquoi on n'a jamais appris à nager – ou de trouver comment regagner la rive ?

L'approche thérapeutique de Palo Alto va à l'essentiel en s'activant avant tout à trouver les moyens de sortir concrètement des difficultés rencontrées.

Comprendre... et agir autrement

Face à une situation difficile, l'expérience et le bon sens poussent à faire certaines choses pour la contourner ou la dépasser.

L'École de Palo Alto invite à questionner l'efficacité réelle de ces "tentatives de régulation".

En effet : plus on cherche le sommeil, plus il nous échappe. Plus on évite de penser à quelque chose, plus ça nous submerge, et ainsi de suite : ce qu'on fait pour mettre fin à nos problèmes contribue paradoxalement à les entretenir...

Au-delà des prises de conscience, la spécificité de l'approche systémique et stratégique est de se concrétiser dans des actions appropriées pour sortir de l'impasse.

L'analyse systémique des difficultés

Une thérapie ou psychothérapie selon le modèle de Palo Alto ne repose donc pas sur une idée préconçue de ce qu'il faudrait faire a priori pour dépasser tel trouble anxieux, tel trouble du comportement, ou tel type de conflits récurrents.

Elle considère au contraire que chaque cas est singulier, et ce qui sera la solution de l'un ne conviendra pas à un autre.

Pour trouver des solutions adaptées, une thérapie systémique se caractérise par l'exploration de tout ce (et tous ceux) qui participe(nt) de près ou de loin à la problématique rencontrée.

Au lieu de se demander "pourquoi" (Pourquoi je suis comme je suis, Pourquoi je fais ce que je fais...), on se demande surtout "comment" (Comment je tente de faire face à ces difficultés, Comment les autres tentent de m'aider ou au contraire interfèrent avec mes efforts...).

Ainsi, si l'École de Palo Alto présente des similarités avec les TCC (thérapies cognitivo-comportementales), l'approche systémique et stratégique a ceci de particulier qu'elle inclue l'environnement (la famille, le partenaire, les amis, les collègues...) pour faire une analyse réaliste des contraintes et des ressources de la personne face à son problème.

L'approche stratégique de la solution

Le mot "stratégique" peut faire peur. Pourtant, c'est logique : si tout ce qu'on a déjà tenté (ou que l'autre, ou que les autres ont déjà tenté) n'a pas permis de résoudre un problème, c'est qu'il faut s'y prendre autrement pour le dépasser.

Agir de manière stratégique signifie tout simplement arrêter de faire ce qui n'aide pas, et faire essentiellement l'inverse — ce que l'École de Palo Alto nomme "faire le 180".

Au-delà de la théorie, ce mouvement thérapeutique puissamment efficace se traduit par des recommandations précises à mettre en place. Entre deux séances, je vous invite donc à faire des exercices (d'observation, de réflexion), parfois même des actions concrètes. Et c'est sur les résultats concrets de ces actions que l'accompagnement se réajuste au fur et à mesure des séances.

S'attribuer la responsabilité du changement

En dehors de son efficacité, la raison profonde pour laquelle j'utilise principalement cette approche de la thérapie, est qu'elle permet à chacun de s'approprier la responsabilité du changement.

Loin d'être culpabilisante, l'approche systémique et stratégique invite chacun à prendre conscience de sa marge de manoeuvre, en faisant la part entre ce qui est hors de son contrôle, et ce sur quoi il est possible d'agir.

Lorsqu'on se sent englué dans une relation toxique, lorsqu'on a un problème avec son corps, son comportement ou ses pensées, et qu'on pense être impuissant... ce n'est pas rien, de prendre conscience qu'on peut agir, et de ressentir ensuite les bénéfices d'un changement qu'on a soi-même provoqué.

Depuis ses débuts, l'approche systémique et stratégique de Palo Alto est utilisé en coaching, pour la gestion des conflits et la conduite du changement.

Dans sa version clinique, le modèle a continué d'essaimer, notamment grâce à l'Institut Gregory Bateson qui représente le Mental Research Institute en Europe, mais aussi aux travaux de l'italien Giorgio Nardone, qui ont contribué à diffuser l’approche stratégique en Europe dès les années 1980.

L'École de Palo Alto est également à l'origine de la psychothérapie dite IFS (Internal Family System) développée par Richard Schwartz dans les années 1990.

Une approche en constante évolution

Si vous souhaitez en savoir plus

Vous pouvez lire mon article Sortir de l'impasse avec l'approche systémique et stratégique